Quelques définitions…

Commençons par définir ce que nous entendons par « méchant chef » : cette dénomination est généralement utilisée pour désigner un manager perçu comme autoritaire, directif.

Qu’est-ce qu’un manager directif ?

Ken Blanchard et Paul Hersey, dans leur modèle de management situationnel, définissent le style directif comme celui par lequel un manager dicte à ses subordonnés ce qu’il faut faire, et comment le faire.

Qu’entend-on ensuite par « mauvais chef » ? Durant les séminaires que j’anime, on me pose régulièrement la question : « qu’est-ce qu’un bon manager ? ». Tellement compliqué d’y répondre de manière complète et définitive…

Qu’est-ce qu’un bon manager ?

Je définirais un « bon chef » comme un manager capable de concilier sa capacité à répondre aux besoins de son équipe, aux attentes de son entreprise, tout en restant fidèle à des valeurs de bienveillance et de respect. Ainsi à l’inverse, un « mauvais chef » serait donc celui qui, au choix, ne satisfait pas les besoins de son équipe, ne répond pas aux attentes de son entreprise, et/ou agit sans respect ni bienveillance.

Alors, un méchant manager est-il forcément un mauvais chef ?

Un manager autoritaire, perçu comme « méchant » par tout ou une partie de ses collaborateurs, sera peut-être un manager objectivement efficace, dans le sens où il saura générer de bons résultats. Or performance et efficacité sont deux choses différentes en matière de management.

Résumons les choses ainsi : P = RMC. Performance = Résultats + Méthodes + Comportements.

Le « méchant chef », par sa capacité à prendre les bonnes décisions, à les faire appliquer sans tarder, sera peut-être capable d’obtenir de bons résultats. Vous avez certainement tous en tête des managers que l’entreprise envoie en « mission commando » dès qu’un service se porte mal, qui le redresse en quelques mois, et part aussitôt éteindre un autre feu.

Le style de management directif n’est pas, en soi, un mauvais style de management : c’est un style adapté aux situations d’urgence, et aux tâches pour lesquelles le collaborateur n’a pas les compétences ni la motivation attendues.

Pour conclure

Un manager autoritaire, usant du style directif en toutes situations, ayant besoin de recourir aux galons pour faire agir, risque donc à terme de générer au mieux de la démotivation, au pire de la contre-productivité.

Pourquoi le modèle autoritaire n’est-il quasiment plus usité, en France tout au moins, que dans les rangs de l’Armée ? Probablement parce qu’il s’agit d’un secteur d’activité à part, sans concurrence ni notion de productivité puisque c’est le respect des Méthodes et des Comportements conditionne la pérennité des Résultats.

Ainsi, selon moi, un méchant manager n’est pas nécessairement un mauvais chef. Mais il a peu de chances d’en être un performant, en particulier dans la durée. D’où l’émergence d’une notion plus large que celle de “simple” manager : celle de LEADER, pour décrire les qualités humaines nécessaires pour un management optimal.

Avant de vous quitter, je vous invite à vous poser la question suivante : quand bien même cela pourrait être efficace, aimeriez-vous être un méchant chef ?

Un article signé Nicolas Martinez, Consultant formateur DMM France.